Petit rôle play avec des anciens du CF comme NemeniX, Mister_D... toute remarque à la con sera irrémédiablement supprimée.
Merci de respecter ce topic.
Merci à Asuka pour son aide précieuse.
Je regretterai toute ma vie le prix qu’il me fallut payer pour mon insolence car la punition fut ô combien cruelle. La sanction eut effet immédiat et mon seigneur m’ordonna de me rendre sur l’heure sur ces terres tant décriées que les pèlerins évitaient avec un soin particulier.
Ce domaine était placé sous sa propre suzeraineté et tous les vassaux qui y vivaient dépendaient de leur roi. Cependant, ce dernier avait judicieusement préféré garder l’anonymat bien que nombre de tavernes des terres du Seakk abreuvaient de rumeurs persistantes les voyageurs qui y séjournaient.
Les tenanciers s'accordaient à dire que des évènements étranges et terrifiants s'étaient produits dans cette contrée mystérieuse, des choses que les plus anciens se plaisaient encore à évoquer lorsqu'il n'y avait rien de plus récent pour alimenter les potins. Les clients bouillonnaient d'une curiosité mal déguisée à l’évocation des cubers ; ce nom suscitait à la fois admiration et effroi.
Les histoires qui parvenaient aux oreilles des villageois avaient fini par être racontées tant de fois, enjolivées si souvent, que plus personne n'aurait su dire où était vraiment la vérité.
Bien entendu, je n’accordais aucune part d’authenticité dans ces histoires à dormir debout qui semblaient simplement conçues pour distraire les consommateurs !
Bien des êmes plus tard, j’arrivais sur les terres du CubersKlan. Perché au sommet d'une colline, un immense château hérissé de tours effilées se dessinait dans le ciel étoilé. Malgré l’obscurité, je pus distinguer certaines de ses meurtrières condamnées par des planches, le toit dépourvu de tuiles en plusieurs endroits ainsi que la façade envahie d'un lierre épais qui poussait en toute liberté.
Il ne faisait nul doute que ses occupants ne prenaient pas soin de leur demeure. A quoi pouvaient-ils bien consacrer leur temps ? Les ragots que j’ouie tantôt étaient toujours aussi invraisemblables. Si bien, toutes les versions des récits commençaient de la même manière mais leurs issues étaient toutes aussi fantaisistes qu’un baraskouaire rose.
Je répétais obstinément, inlassablement la raison qui m’avait amenée ici au châtelain de garde devant le pont-levis mais ce dernier refusait de croire mon histoire, la qualifiant de sornette éhontée. Ce dernier n’était guère plus grand que moi. Il possédait un visage placide et étiré comme s’il venait de se réveiller, il tenait sa lance sommairement comme s’il avait épuisé toutes ses forces et ne semblait demander qu’à se faire remplacer. Finalement, le garde céda.
- Flemme. Entre, dit Yoh paresseusement.
Le pont-levis s’abaissa comme par magie et j’entrai dans le château du CubersKlan.
Projetées sur les murs crasseux, les lueurs dansantes des chandeliers me permirent de distinguer une grande table sur laquelle étaient posés verres ébréchés, écuelles mal lavées et couverts hideux. Le contenu de leurs assiettes était, quant à lui, un délice pour les papilles ! Dindes rôties, saucisses grillées, sauces onctueuses, confiture d'airelles les garnissait alors que le fumet qui en émanait attisait d’avantage ma faim. Tous étaient autour de cette table en train de festoyer tels des hobbits le jour de Noël. Nul ne remarqua ma présence. Je distinguais un homme de grande taille, ses cheveux bruns tombaient sur ses yeux avec une sorte d'élégance désinvolte. Son nez aquilin soutenait une paire de lunettes dont les verres formaient une demi-lune. C’était sans nul doute Mister_D. Je le connaissais de réputation, il était le troisième mage le plus redouté, tous royaumes confondus, juste après Tonton Vince des « Marcheurs célestes » et Geese des « Combattants jusqu’au bout ».
Son voisin était petit, le nez pointu, les cheveux châtain clair, sans éclat. NemeniX paraissait anxieux, se rongeait les ongles, les yeux fixés sur son assiette alors que le bout de ses chaussures raclait le sol. Reconnu comme le principal tueur d’innocents de ces terres, sa réputation aurait sûrement poussé les mercenaires à lui demander de se ranger à leur cause s’ils n’avaient pas une telle épouvante de ces terres autarciques. D’ailleurs, je me demande encore comment il était parvenu à tuer tant de personnes sans quitter le domaine des cubers où même comment il avait pu résister à l’envie folle de tuer l’un d’entre eux !
Ikee se tenait légèrement en retrait, sans parler mais il semblait se dessiner sur son visage un sourire malsain, un peu comme s’il exultait à écouter ses compagnons sans prendre la peine de leur répondre. Sûrement un vil sournois comme le laissait suggérer ses yeux verts de serpent.
Un étrange homme blond arborait une tunique verte et portait des collants blancs, ce qui le démarquait des autres convives. Ce dernier paraissait étrange… enfin, encore plus étrange que ses compagnons ! Il ne cessait de jeter des regards furtifs pour s’assurer que son équipement était toujours à sa place. En effet, près de lui, se trouvaient un carquois rempli de flèches, une sorte de branche de bois bien droite, un étrange bouclier bleu et blanc sur lequel figuraient un aigle rouge et trois triangles jaunes les uns au dessus des autres et un sac fermé par un nœud sans nul doute confectionné avec des poils de baraskouaire.
Toutefois, mon attention fut attirée par une sorte de placard juste derrière lui bien qu’une large fente occupait tout son bas. Ce dernier semblait vibrer, ce qui était impossible pour un tel objet ! Je m’approchais et au moment même où je posais la main sur la poignée, le brouhaha des conversations cessa subitement pour céder sa place à un silence pesant. Je devins le centre d’intérêt de la salle à manger. Une lueur de panique brilla soudainement dans les yeux des maîtres des lieux. Je sentis subitement comme un accroissement de la pesanteur. Livide, n’arrivant plus à émettre le moindre son audible, je me recroquevillais contre la porte du meuble, incapable de soutenir leurs regards. Tout à coup, je fus plaquée au sol. La violence du choc me fit perdre brutalement conscience.
Lorsque je revins à moi, je vis se dessiner devant mes yeux un tube de fer à canon lisse fermé à une extrémité et inséré dans une pièce en bois arrondie pour pouvoir être tenu sous le bras. Je reconnu immédiatement cette arme : il s’agissait d’une couleuvrine ! Pour une raison qui échappait à mon entendement (ainsi qu’à celui de la gazette hobbite), les secrets concernant sa fabrication avaient été perdus et il n’en subsistait plus que trois au monde. Elle était appuyée négligemment contre un mur avec une autre couleuvrine ! Je crus rêver, qui aurait soupçonné que ces « êtres » possédaient de tels trésors ?!?
La chambre spartiate dans laquelle j’avais été transportée durant mon sommeil forcé ressemblait davantage à une bibliothèque austère particulièrement poussiéreuse. Je m’étais réveillée dans un vieux lit à baldaquins tendus de velours rouge. Je saisis un épais grimoire vert simplement posé sur la table de nuit à mes côtés tout en ignorant les autres œuvres qui étaient entassées pêle-mêle dans la pièce. Sa couverture était ornée de mystérieuses lettres dorées, ternies et usées formant le mot « Mudora ». Ma curiosité fut trop forte et je ne pus m’empêcher d’ouvrir ce livre. J’en tournais les pages avec avidité. Son contenu était particulièrement intriguant, je me souviens de passages ayant particulièrement marqué mon attention.
« Les conclusions de nos études sont sans appel. Seuls les sorciers les plus doués sont capables de canaliser leur énergie spirituelle. La baguette magique peut être considérée comme une extension du sorcier, cette dernière lui offrant la possibilité d’optimiser leurs pouvoirs. Chaque baguette issue de notre fabrication renferme des substances magiques très puissantes. Crins de licorne, plumes de phénix ou encore ventricules de cœur de dragon confèrent de surcroît d’étranges pouvoirs à leurs détenteurs. »
Dans les lointains souvenirs, je me rappelais non sans mal d’un article de la gazette hobbite qui mentionnait Beanistal, l’un des derniers dragons des terres du Seakk. Ce dernier avait été vaincu par Yann, chef d’un groupuscule qui aimait à se nommer « Anges déchus ». Cependant, je n’aurai jamais cru que quelqu’un aurait pris le risque de dépecer la dépouille de cette créature magique malgré la vigilance des Anges déchus et encore moins de s’en servir pour confectionner des objets enchantés ! C’est alors que je mon regard se porta sur la caisse remplie de vulgaires morceaux de bois que je prenais jusqu’alors pour d’insignifiantes brindilles. Mais, à y regarder de plus près, toutes venaient de divers arbres : hêtres, épicéas, érables, ifs, ébènes…
Je me demandais comment ils avaient pu trouver des créatures légendaires comme des phénix ou des licornes mais je finis par tourner les pages moites avec impatience à la recherche d’un autre de leurs secrets. Mon attention se porta sur les notes suivantes contenant diverses idées farfelues telles que « utilisé avec parcimonie, le botrytis cinerea développe une moisissure, qui, associée à la condensation des sucres, donne sa douceur au vin » ou encore « le bois de chêne fournit un charbon très dense et d’excellente qualité lorsqu’il est chauffé à très haute température. L’emploi du sortilège Brasier semble indispensable pour un tel résultat ».
Mon attention finit inévitablement par se porter sur une autre note passionnante.
« L’herbe de nos pâturages possède toujours ses incroyables propriétés. Nos vaches l’affectionnent tout particulièrement. Tout droit sorti de leurs pis, le lait qu’elles nous procurent est d’une qualité prodigieuse ! Sa saveur unique, proche du nectar des dieux, délectera tous les heureux gourmets qui auront la chance de poser leurs lèvres sur ce délice. De plus… »
Une voix s’éleva et me fit interrompre ma lecture. Je reposais immédiatement le grimoire à sa place. Yoh se tenait devant la porte. J’avais tellement de questions à poser qu'elles explosaient dans ma tête comme un feu d'artifice. Il me fit de signe le suivre. Je me contentais d’obéir ; par chance, il n’avait pas vu ce que je faisais. La peur me tenaillait, je venais à peine de me souvenir que j’avais été assommée la veille et la perspective de renouveler cette douloureuse expérience ne m’enchantait guère. Cependant, comme ils m’avaient laissée sans surveillance, ils ne devaient pas me considérer comme une menace ! Toutefois, je ne pus réprimer le désir naissant de dérober leurs couleuvrines juste avant mon départ.
Nous sortîmes du château alors que les oiseaux gazouillaient pour fêter la venue de l’aube et nous nous rendîmes à la ferme voisine. J’observais avec attention les vaches et les pâturages mais rien ne semblait plus normal si ce n’est le fait que ces dernières n’étaient ni gardées ni enfermées dans nul enclos de fortune. Elles étaient totalement libres. Je me demandais l’espace d’une seconde comment j’avais pu un instant croire les balivernes écrites dans ce « livre ». Il était évident que les cubers étaient persuadés que tout était vrai, ils avaient d’ailleurs assez perdu du temps à consigner un maximum de leurs « découvertes ». Mais il ne faisait aucun doute que j’avais affaire à des fous, des déments ayant leur propre logique et que tout ce qui était rédigé était le fruit de leur imagination fertile et débordante. Qu’il allait être difficile de tenir une âme en supportant ces aliénés !!!
La corvée d’intérêt général qui m’avait été assignée était de traire les vaches. A vrai dire, je n’avais pas trop à me plaindre, j’avais déjà eu des travaux plus contraignants et plus dangereux à réaliser dans ma patrie bien qu’il était d’usage chez moi de d’abord prendre le petit déjeuner avant de travailler. Je m’attelais à l’exécution de ma tâche et je remplis les seaux mis à ma disposition pour recueillir le lait. Un dernier doute s’empara de mon esprit. J’observais le lait que j’avais précautionneusement recueilli mais seule une couleur blanche habituelle, sans aucun effet particulier, occupait le récipient. Inutile de le goûter et de rentrer dans le jeu de ces imbéciles qui devaient sûrement m’observer en cachette et se demander à quel point j’allai rentrer dans leur jeu stupide !!!
Je me demandais si c’était là leur étrange conception de l’humour lorsque Yoh revint finalement me voir quelques minîmes plus tard, alors que je n’avais rempli que quatre seaux. Il me tendit des graines de soja que je fixais avec une expression d’incrédulité. Cela constituait un repas bien frugal surtout pour quelqu’un qui n’avait rien mangé depuis son dernier déjeuner ! Visiblement, le traitement réservé pour les invités était réduit au minimum au niveau des dépenses ce qui pourrait sembler logique vu l’état de leur propriété. Toutefois, le contraste avec leur copieux repas de la veille était évident. Comment pouvaient-il bien trouver les moyens d’organiser un tel banquet ? Alors que cette idée me traversait la tête, le cuber me dit de me mettre en route. Perplexe, je le suivis sans un mot et je fus étonné qu’il me raccompagnait si tôt au château. Au loin, je vis un de mes hôtes de la veille. L’un des leurs goûtait déjà aux senteurs matinales. C’est du moins ce que je pensais avant d’entendre des cris déchirants.
- Koubo ! criait Nemenix à tue-tête.
Je me demandais ce que pouvait bien signifier cette insulte déconcertante ! Puis, un rire à la fois cruel, sonore et glacé s’éleva au delà du bosquet. Je distinguais la silhouette imposante d’un homme marchant d’un pas assuré tel un conquérant.
J’aperçus non loin une botte de foin gisant sur le sol. Cette dernière avait vraisemblablement été oubliée par Yoh lors d’une de ses sempiternelles pauses. Je me précipitais pour m’y cacher, sentant que j’allai sans plus tarder être de nouveau le témoin d’une scène surréaliste.
L’effrayant étranger semblait s’attendre à ce que les cubers s’aperçoivent de sa présence. Or, ce qui échappait à ma compréhension est qu’il attendait patiemment que ceux-ci arrivent à lui plutôt que de chercher à profiter de l’effet de surprise afin de réussir au mieux son vraisemblable pillage des lieux.
La folie des cubers, à laquelle je commençais malgré moi à m’habituer, réussit cependant à repousser davantage les limites de mon imagination lorsque je les vis un à un affronter Koubo. Certes, c’était honorable mais aussi prodigieusement stupide quand on comparait leur carrure à celle de leur colossal adversaire qui semblait prompt au combat depuis sa plus tendre enfance.
NemeniX s’avança le premier vers Koubo et un rapide duel à l’épée eut lieu. Les lames s’entrechoquèrent avec fracas mais le cuber ne put soutenir longtemps la cadence qu’imposait le mercenaire. Un puissant coup porté à sa jambe le fit fléchir et son opposant, l’ayant à sa merci, l’assomma.
Ce fut ensuite au tour d’Ikee de défier l’inconnu. Disposant d’une force rivalisant avec celle de son ennemi et compte-tenu de la fatigue de Koubo après avoir battu NemeniX lors du premier duel, je m’attendais à une évidente défaite de sa part. Les coups de sabre de l’agile cuber fendaient l’air avec une vitesse phénoménale ! Toutefois, malgré l’obstination d’Ikee, Koubo ne flanchait pas malgré sa fatigue. Alors qu’après plusieurs longues minutes Ikee semblait dominer le combat, Koubo s’écarta et plongea sa main dans sa poche d’où il sortit une fiole. Le temps que son adversaire comprenne ce qu’il se passait, il avait déjà avalé d’une traite la mixture de teinte nacrée qu’elle contenait.
Les yeux vides et froids de l’étranger s’embrasèrent subitement comme si on avait jeté de l’huile sur du feu mais cet effet passager s’estompa presque aussitôt. Je crus quelques secondes à une hallucination mais mes sens ne m’avaient pas trahie. Lorsque l’affrontement reprit, Koubo semblait avoir totalement récupéré et cette fois, Ikee ne put essuyer la tempête de coups qu’il reçut tel un ouragan qui se déchaînait face à lui.
Au moment où Ikee s’effondra, Mister_D, qui se contentait d’observer jusque là, empoigna une fine branche de hêtre d’une vingtaine de centimètres. Il s’agissait sans doute d’une baguette magique vu ce que j’avais pu lire tantôt dans le livre de Mudora. L’archimage cuber fit un rapide mouvement du poignet après avoir tourné puis abaissé la baguette. Ensuite, il prononça une incantation dans une langue qui m’était totalement inconnue. Tout à coup, un jet de lumière rouge jaillit de la baguette et se dirigea vers Koubo. Ce dernier esquiva le sortilège avec maestria en se jetant sur le côté. Mister_D continua à lancer de puissants sorts mais son adversaire était bien trop agile pour lui.
- Trèves de plaisanteries, je t’invoque, ô serviteur de Mère nature, entends mon appel et viens à mon secours ô puissant Atlas ! rugit le magicien.
Une violente détonation retentit de l’extrémité de sa baguette et un tremblement de terre se déclara. Mes jambes flageolaient sous le poids de mon corps tremblant. Le visage décomposé et le cœur battant, je fis tout mon possible pour ne pas céder à la panique. Si je fuyais maintenant, je serai à coup sûr pris pour une cubeuse et poursuivie sans relâche jusqu’à rendre mon dernier soupir. Cependant, le mercenaire eut un rictus méprisant et déclara :
- Quel dommage que la divinité actuelle soit de l’élément opposé et que les pouvoirs que les Quadds confient aux humains aient été considérablement diminués depuis quelques êmes, pas vrai ? Mais il est encore plus dommage de ne pas être au courant et de faire appel à eux en plein combat ! ricana Koubo.
Effectivement, juste avant mon voyage, j’avais lu dans la gazette hobbite un article expliquant que les capacités magiques octroyées aux magiciens par les Quadds avaient été significativement revues à la baisse du jour au lendemain. Aucune explication scientifique n’avait pu en déterminer la mystérieuse raison.
Mettant à son profit la déconcertation provoquée par cette révélation inattendue, Koubo profita de cet instant d’inattention pour porter un violent coup à la mâchoire de Mister_D. Ce dernier chancela puis se cogna violemment, tête la première, contre le mur de l’enceinte du château avant de s’assommer. Durant sa chute, sa baguette quitta sa main et roula au sol comme l’aurait fait une vulgaire brindille alors que ses lunettes volèrent en éclat en heurtant le sol.
Si le combat s’était déroulé avant cette « réforme divine de la magie » comme l’avait surnommée la gazette, Koubo aurait à coup sûr été dévoré par les entrailles de la terre. La dernière invocation de l’archimage était légendaire et connue pour n’être justement qu’à la portée de l’élite des mages vu la grande difficulté de concentration requise pour un tel acte magique.
Il ne restait que Spy tenant fermement sa baguette de houx d’un peu moins de trente centimètres. Koubo s’avança vers lui, toujours avec son air méprisant. Le dernier cuber à faire face eut recours à d’autres sortilèges que ceux de l’archimage mais Koubo les esquiva tous avec aisance.
Le combat s’éternisait. Alors que Koubo commençait à nouveau à manquer de forces, il prit une nouvelle potion dans sa poche et là, un cri déchirant retentit alors que la baguette magique de Spy manqua d’exploser. Le sort toucha Koubo qui fut projeté en arrière. Dans la chute, sa fiole de brisa avec fracas sur le sol. Koubo fulminait, et son sourire goguenard s’estompa. Désormais, les veines de ses tempes battaient sous l’effet de la fureur. Durant son duel avec Mister_D, ce dernier n’avait pas remarqué que Spy avait eu le temps de boire un étrange breuvage blanc qui ressemblait étrangement à du lait. C’est à ce moment que je compris que leur lait possédait véritablement les propriétés décrites dans le livre de Mudora ! Il était justement impossible de lancer tant de sorts sans répit à une telle cadence même pour le meilleur mage au monde !
Alors que Koubo semblait hors d’état de nuire, Spy se pencha vers lui pour vérifier qu’il ne simulait pas son évanouissement. Tout à coup, ce dernier se releva tel un diablotin qui aurait été libéré de sa boîte. Désemparé, le cuber ne put faire ricocher l’épée ennemie contre son bouclier qu’au tout dernier moment. Sous le choc provoqué par l’impact, ce dernier fut éjecté de ses mains. Koubo le saisit et asséna un violent coup avec celui-ci sur la tête de Spy.
Le laissant inconscient, il ne restait plus que moi qui tentait désespérément de me confondre avec la botte de foin. Mais je me fis aussitôt repérer par le bruit frénétique produit par mes dents que je ne pouvais maîtriser. Je n’eus guère le temps de réfléchir, je sortis de la botte de foin et je me jetais sur la baguette de Mister_D non loin de moi. Alors que je posais la main dessus, une sorte de grésillement sembla en émaner. Une impression de brûlure me lança douloureusement dans les doigts alors qu’un invisible lanceur de poids me catapulta trois mètres plus loin. Ma chute douloureuse sur le sol fut accompagnée d’une plainte déchirante que je ne pus réprimer.
Alors que tout semblait perdu, je vis Yoh sortir du château en tirant l’étrange placard que j’avais vu lors de ma soirée. J’avais complètement oublié ce cuber pendant ces dernières minutes ! Je le vis alors ouvrir l’armoire et dire paresseusement :
- James, tu as du boulot !
C’est alors qu’une masse difforme sortit promptement de son emprisonnement. Je fus prise de nausées. Je n’avais jamais éprouvé une telle souffrance à la simple vue du spectacle épouvantable qui se présentait à mes yeux. Je n’eus guère le temps d’accepter ce que je voyais, cette vision d’horreur insoutenable me fit subitement perdre connaissance avant que tout sentiment autre que l’incrédulité n’ait le temps de naître en moi.
A mon réveil, je vis Koubo solidement ligoté, le dos plaqué contre un arbre. Il avait été fermement attaché des pieds à la tête. Il était réveillé mais son expression montrait qu’il n’en savait pas plus que moi qui me retrouvait également attachée ! J’eus juste le temps de voir Yoh serrer mes liens avant de remarquer un tonneau déjà ouvert contenant une substance jaune visqueuse.
Les cubers, visiblement remis de leurs émotions, s’extasiaient autour de nous en arborant des sourires malsains. Yoh me confia, avant de rejoindre ses congénères, que c’était un crime de prendre la baguette magique d’un cuber. J’avais vraiment peine à croire que chez eux la sentence soit si cruelle pour un cas de légitime défense. Je frissonnais à l’idée de ce qui aurait pu m’arriver si j’avais touché à l’une de leurs précieuses couleuvrines.
Nous étions dans une clairière, sans doute située au cœur de la forêt non loin du château du CubersKlan. Les cubers étaient désormais en train de prélever le liquide de la barrique avec des sortes de pinceaux de gros calibre. Ils trempaient leur extrémité dans celle-ci puis se rapprochaient de Koubo qui observait la scène en se débattant vainement tel un vrai diable. Ce dernier fut abondamment badigeonné de ce qui ressemblait à… du miel.
En temps normal, lorsque l’on évoque du miel, l’image d’un pot me vient immédiatement à l'esprit, sa belle couleur jaune attirante avec ses reflets dorés, son onctuosité quand il coule de la cuillère... Je sens son goût dans ma bouche, sa saveur unique sur mes papilles gustatives, sa texture sur ma langue... Je me revoie étalant ce miel sur une tranche de pain beurrée, léchant ce qui reste sur la cuillère, puis vient alors le contact avec mes dents, ma langue le dégustant petit à petit et inévitablement la sensation délicieuse, tellement douce quand il passe enfin dans ma gorge.
Cependant, la vue d’une quantité démesurée de miel dans de telles circonstances suscitait chez moi le dégoût le plus profond. Bien évidemment, les cubers étaient amplement satisfaits du résultat à en voir leurs yeux qui brillaient d’une lueur d’enthousiasme frisant la démence. Ce fut ensuite inévitablement mon tour de subir le même sort.
Alors que mes bourreaux s’étaient engouffrés dans la forêt, j’aperçus une énorme masse rouge serpenter au fond de la clairière. Inévitablement, elle se rapprochait de nous comme si elle semblait s’attendre à trouver quelque chose dans la clairière après le départ des cubers. Je pus la voir grossir au fur et à mesure de sa progression. De plus près, je pouvais distinguer des centaines de monstrueuses mandibules sur pattes défiler sous mes yeux ébahis. Cette horreur était en réalité une colonie de fourmis rouges et pas n’importe laquelle, il s’agissait de Kimeras !
Je me souvenais très bien de l’article de la gazette hobbite qui y faisait allusion, sa simple lecture m’avait glacé le sang.
« Les fourmis rouges sont des insectes sociaux qui vivent en colonies. Elles font partie de l'ordre des hyménoptères. Espèce proliférant dans des lieux humides, elles vivent principalement dans les bois ou sous des pierres, où elles érigent un petit monticule. Comme d'autres fourmis, on la rencontre aussi dans des bois morts, souches et sous l'écorce. Ces dernières se nourrissent de matières protéinées, mortes ou vivantes, de proies animales, ainsi que de jus sucrés tel que le miellat des pucerons. L'organisation sociale des fourmis, articulée autour de la reine, fascine et intrigue. Lorsqu'elle chasse, l'ouvrière utilise ses mandibules, mais aussi la glande à venin qui est reliée à l'extrémité de son abdomen. Contrairement à une idée reçue, la fourmi ne pique pas. Elle commence en réalité par mordre la peau au moyen de ses puissantes mandibules, puis elle avance rapidement son abdomen, versant dans la plaie la sécrétion brûlante issue de la glande et composée pour l'essentiel d’acide formique. Cette technique de défense est aussi utilisée pour capturer ses proies. Toutefois, une étrange espèce de fourmi nommée Kimera semble particulièrement vorace et surtout exclusivement carnivore. Il est vivement recommandé de passer son chemin, car, leur colonie, au bas mot constituée de 10 000 individus, se montre sans pitié avec ses proies. La seule manière connue à ce jour pour les éradiquer est de les priver de nourriture. En effet, si leur environnement ne leur en fournit plus suffisamment, un phénomène de cannibalisme se produit jusqu’à leur complète extinction à moins que la nourriture soit de nouveau disponible dans leur milieu. »
Cette repoussante colonie suivait les traces de miel qui les conduisaient fatalement jusqu’à nous. J’eus la désagréable sensation d’être comme une mouche prise au piège dans une toile d’araignée.
Alors que j’évaluais mes chances de survie et que je m’attendais (de nouveau) à une inévitable mort dans la plus grande des souffrances, il revint cette idée absurde dans mon esprit : Yoh s’était chargé de mes liens. Je m’efforçais de dégager mes mains en priant pour que sa flemme lui ai fait faire des nœuds lâches. Après tout, avec la fainéantise de ce dernier, cette entreprise avait des chances de ne pas être vaine. En réussissant à me détacher, je ne pus m’empêcher de penser que sa couardise était désormais devenue une véritable bénédiction à mes yeux car c’était la clé de mon salut !
Une fois ma liberté de mouvement retrouvée, j’eus tout juste le temps de fuir alors que je laissais Koubo au triste sort qu’il avait cherché. Je n’étais pas assez folle pour risquer ma vie à essayer de sauver quelqu’un qui avait attenté à la mienne !
Echappée de la forêt, je me retrouvais de nouveau sur les pâturages des cubers. Toutefois, une légère brise amenait à mes narines une odeur pestilentielle qui flottait dans les airs. Toujours recouverte de miel, je ne tardais pas à me retrouver malgré moi face à des restes d’os éparses recouverts d’une substance visqueuse que je n’avais encore jamais vu. D’un blanc cassé, cette matière molle et gélatineuse semblait en fait davantage provenir des Kimeras elles mêmes à en juger par les monticules de terre émergeant du sol non loin de ces ossements. C’est alors que je compris ! C’est cette substance que laissaient les fourmis rouges après avoir dévoré leurs victimes qui était à l’origine du lait cuber. Ces aliénés étaient en symbiose avec ces insectes, leur procurant de la nourriture contre cette sorte d’engrais qu’elles produisent et qu’ils utilisent pour leurs pâturages ! L’insolite était incontournablement la pierre angulaire sur laquelle reposaient les valeurs des cubers. Entre le génie et la folie, il n’y a qu’un pas… et les cubers l’avaient allégrement franchi !
L’obstination à me mêler des affaires d’autrui m’étant passée, une seule pensée subsistait dans mon esprit après cette macabre découverte : quitter au plus vite les terres de ces barbares et rejoindre au plus tôt mon foyer ! Peu importe la nouvelle punition qui me serait infligée, nulle autre ne pourrait être pire que de vivre plus longtemps avec ces fous !
J’entrepris donc de regagner mes pénates au plus vite. Plus que jamais cramponnée à la vie, je pris mes jambes à mon coup sans jamais regarder derrière moi et je traversais rapidement les terres du CubersKlan. Une fois essoufflée après une interminable course effrénée, j’en profitais pour respirer à pleins poumons. Hors d’haleine et le visage ruisselant de sueur, j’étais désormais hors de danger. Mon cœur battait à tout rompre et je devais reprendre des forces avant de continuer ma route. Après m’être nettoyée au bord d’un petit cours d’eau, je décidais de bivouaquer en mordant à pleines dents les fruits que m’offraient les arbres environnants sans me poser de question. J’étais vivante et c’était tout ce qui m’importait.
Une fois de retour chez moi, je déglutis avec difficulté lorsque je croisais le regard de mon seigneur. Je détournais avec honte mes yeux des siens. Je n’avais même pas tenue une ême chez les cubers. C’est alors qu’il rompit le silence interminable et prit la parole.
- Bien, à en juger par ton état qui se passe de commentaire, il nous semble que tu as bien retenu la leçon. Nous décidons donc ta punition comme terminée. Cependant, évite à l’avenir de proférer de nouvelles sottises que tu pourrais amèrement regretter.
- Oui sire, répondis-je d’une voix fluette qui avait baissé d’un demi octave.
- Tu peux rentrer chez toi et reprendre ton travail d’artificier dès demain, ajouta mon suzerain en me gratifiant d’un sourire bienveillant.
Incrédule, je me contentais d’acquiescer juste avant de faire révérence. Mon étroitesse d’esprit ne me ferait plus jamais dire que seuls les vieux loufoques pouvaient être assez stupides pour collectionner de vieilles pièces de monnaie. Quelle idée aussi de grommeler à haute voix durant cette corvée d’astiquage sans vérifier si mon seigneur se trouve dans la même pièce !