Alex21 a écrit:comme j'ai dit, faut voir les modes comme des sonorités différentes. quand tu joue dans un mode faut bien savoir quelles notes vont bien "poser" ton mode, et accentuer un peu dessus. Joue les notes La, Si#, Fa# ensemble, ben t'auras toute la couleur du mode Dorien sur le La
Jveux bien que tu m'expliques ce que tu voulais dire, parce que là ça veut rien dire si tu précises même pas en quelle tonalité t'es. Et là tout de suite une même tonalité avec la, si# et fa#, je vois pas
Bon je chipotte un peu en fait, tu voulais sûrement dire do à la place de si# (c'est pas pareil)
Je vais tenter une explication, mais pour ça faut revenir un peu en arrière pour bien comprendre le pourquoi du comment.
Une gamme c'est une suite d'intervalles, qui te donne donc tes différentes notes (7 dans le cas de nos gammes habituelles). Dans ta gamme majeure (= mode ionien ou mode de do), ces intervalles ont un ordre précis : 1 ton, 1 ton, 1/2 ton, 1 ton, 1 ton, 1 ton, 1/2 ton. Comme tu vois, cette suite est asymétrique, et cette asymétrie va engendrer une hiérarchisation des notes, c'est-à-dire que certaines auront plus de poids, d'importance que d'autres.
Prenons le cas de ta gamme de DO : do ré mi fa sol la si
Chaque note peut-être la fondamentale d'un accord (construit à la base par empilement de 3ces), qui représentent chacun les différents degrés de ta gamme. Ton Ier degré DO est la tonique, c'est-à-dire qu'un mouvement mélodique s'arrêtant sur cette note et/ou un accord de DO (je précise au passage que quand j'écris une note à la française en majuscule, je parle d'un accord ou d’une tonalité majeur) te donneront une sensation de repos, de stabilité, de pause, de fin, etc. Cette stabilité est à mettre en opposition avec au contraire des notes (mélodie) ou des accords (harmonie) qui tendent à amener vers autre chose, un mouvement qui aura toujours pour finalité la tonique). Les principales relations qui incitent au mouvement sont les mouvements par demi-tons (chromatisme), et les relations de 5tes.
- donc d'un côté tu as les différents degrés qui conduisent l'un vers l'autre par des mouvements de 5tes descendantes (ou de 4tes ascendantes, c'est pareil) : IV -> VII -> III -> VI -> II -> V -> I. Dans le cas de DO, tu as donc par exemple lam qui va vers rém qui va vers SOL qui va vers DO (VI -> II -> V -> I). En fait ce qui est à retenir principalement, c'est le V -> I (dominante -> tonique), tout le reste n'est qu'une extension de ce principe.
- si tu rajoutes les 7èmes à cette suite, tu as Am7 -> Dm7 -> G7 -> C (éventuellement C7M). La relation V -> I est importante car c'est sur cet accord de SOL que tu trouves la 5te dim (6 demi-tons), qui est le seul intervalle unique au sein de ta gamme : ici si-fa. C'est-à-dire respectivement la 3ème M et la 7ème m de ton accord G7.
- cet intervalle se résoud par demi-tons : le si monte au do, et le fa descend au mi, ce qui te donne donc ton accord de DO (do-mi + sol). Le mouvement par demi-ton est extrêmement important lorsque tu joues tonal, c'est lui qui permet la résolution de la tension de la 5te dim, et qui permet de retrouver et souligner la stabilité de ton accord de tonique.
- par extension, c'est ce qui te permet de faire A7 -> D7 -> G7 -> C, et de continuer même avec C7 -> F7 -> Bb7 etc. En faisant ça, tu répètes indéfiniment la relation de tension-détente dans le mouvement du Vème degré au Ier degré. C'est-à-dire mouvement de 5te descendante de la fondamentale, et résolution par demi-ton chromatique de la 5te dim de ton accord de 7ème. Mettre en oeuvre ces deux choses = jouer tonal.
Jouer modal, ça consiste à éviter cette hiérarchisation trop évidente des notes, en évitant notamment les mouvements chromatiques qui permettent trop d'assoir un sentiment tonal. A cet égard, les gammes pentatoniques permettent un premier pas vers la modalité, puisqu'il n'existe aucun demi-ton dedans.
Deuxième chose, tu vas éviter de mettre en valeur la tonique habituelle de ta gamme, et tu vas chercher à déplacer l'attention sur un autre degré de ta gamme. Par exemple, en jouant un mode phrygien en partant de mi, tu vas bien utiliser les mêmes notes que ta gamme majeure sur do (donc do ré mi fa sol la si), mais tu vas plutôt chercher à accentuer mi (la note et l'accord), et ce qui le rend unique au sein de ton mode.
Tu dois donc réfléchir à ce qui différencie ton mode phrygien de ton mode majeur. Pour ça, il faut accentuer les intervalles qui sont différents. Or, comme je l'ai dit plus haut, tu as un intervalle qui est unique au sein d'une gamme : la 5te dim. En repérant les deux notes qui forment cet intervalle, tu repères les deux notes qui permettront de mettre en valeur ton mode. Donc, toujours dans le même contexte que tout à l'heure, ta 5te dim c'est si-fa. Mis en relation avec ton mi, que tu vas chercher à mettre en valeur, tu obtiens donc les deux intervalles qui te permettent de faire sonner ton mode phrygien : la 2nde m (mi-fa) et la 5te j (mi-si), car dans AUCUN autre mode tu ne trouveras ces deux intervalles sur ton "nouvel" accord de tonique.
Donc pour jouer modal :
- éviter les résolutions par demi-tons, qui tendent à assoir un sentiment tonal
- mettre en valeur les deux intervalles qui rendent unique ton mode
- à ça tu peux ajouter l'utilisation d'accords qui ne sont pas habituels dans un contexte tonal, en utilisant notamment des accords qui ne sont pas faits uniquement d'empilement de 3ces (utiliser des 4tes, des 2ndes suspendues (= sans 3ce), supprimer la 7ème dans un accord de 9ème, etc.)