par Nedved » 03 Avr 2011, 22:39
Chapitre I – Tout vient à point à qui sait attendre.
Mon apprentissage dans l'art de l'assassinat fut long. Le lendemain de mon arrivée au palais, le matin, un homme vint dans ma chambre.
Il était vêtu d’une simple livrée de domestique, et me fixa longuement. Puis il m’annonça qu’il avait des instructions pour moi, et qu’il en aurait tout les matins à compter d’aujourd’hui, à partir du moment où je serai levé.
J'étais déjà prêt dès l'aube, aussi lui fis-je remarqué. Il s'excusa, et annonça que, dès à présent, je pourrai faire ce que je veux jusqu'au milieu de la matinée, où l'on m'attendrait dans le jardin pour mes exercices.
Durant la matinée, je visitais le palais, et, sans que l'on me le demande, je mémorisais tout ce qui pourrait m'être utile. Le domestique, Karlan, m’avait confié un plan rapide, gribouillé sur un bout de parchemin. Celui qui l’avait fait devait être talentueux, car même un enfant de 5 ans pouvait s’y retrouver, mais ce parchemin avait été fait à la va vite. Karlan m’expliqua que je pourrai manger aux cuisines directement si je n’avais pas de consigne, mais que Yéligar souhaitait que je respecte l’heure des repas, pour ma santé. Je n’avais pas l’intention de manquer à ce premier ordre de mon roi.
La cloche tinta du haut de la tour de garde, d’une longue note grave indiquant de fait le milieu de la matinée. Je me trouvais déjà assis sur un banc dans le jardin. Je ne savais pas quels allaient être mes exercices, mais je ne voulais pas décevoir le margrave. Comme tout le monde dans les Hautes Vallées, j’avais grandi dans le but de servir mon pays, en obéissant directement à son représentant, Yéligar. Quelques minutes passèrent, minutes où j’étais seul sur mon banc, isolé de tous. Je pris mon mal en patience, et ne cessait d’imaginer ce qui adviendrait par la suite tandis que j’observais les jardins. De petites rangées d’arbustes régulièrement taillés se succédaient, se joignant en étoile autour d’un immense massif de fleurs multicolores. L’herbe était finement coupée, et les allées de pierres superbement entretenues. Tout avait l’air si parfait et si tranquille ici, à travers mes yeux d’enfants. Ce fut un barbu qui vint à ma rencontre. Je le regardais de mes yeux d’enfants, et j’y vis comme une image paternelle. Grand, musclé, les cheveux noués dans la natte typique des guerriers. Je sentis son regard se poser sur moi, et je devinais qu’il devait me jauger.
Sa voix était exactement comme je l’avais imaginé lorsque je l’avais vu : bourrue.
« Je suis maître Traal. C’est moi qui forme les jeunes recrues pour qu’elles deviennent des experts pour défendre le margraviat. »
Il semblait prendre son rôle au sérieux, et à l’entendre, ce n’était pas un vulgaire maître d’arme, mais quelqu’un de terriblement important pour la survie du royaume. Allait-il m’enseigner à utiliser une épée ? Un arc ? Tout ceci me semblait bien dangereux…
« Tu es trop petit pour apprendre à te battre directement. Et je suis très occupé. Tous les matins, tu me rejoindras dans la cour principale. Je vais t’apprendre aujourd’hui tout ce que tu feras par la suite, jusqu’à être prêt. Compris ?
-Oui, maître Traal. »
Je ne savais pas quoi répondre d’autres, aussi utilisai-je son titre complet par marque de respect. A son expression, j’avais répondu comme il le fallait. Il prit deux heures, patiemment, à m’expliquer comment travailler chaque muscle de mon corps, même si j’étais tout seul dans un endroit vide. Je ne sus, sur le moment, ce qui lui en couta de faire ça. La patience n’avait jamais été une de ses vertus, et sans la demande expresse du Margrave, la matinée aurait pu être moins agréable. Elle ne le fut pas pour autant, car après deux heures d’exercices, chaque parcelle de mon corps me faisait souffrir. Il me fit m’étirer, en prenant son temps pour m’expliquer chaque mouvement. Si je mémorisais tout ça, me dit-il, je serai déjà bien avancé. Il me donna congé et me pria d’aller manger, avant de tomber de fatigue. Je ne me fis pas prier. Traal n’était pas antipathique, mais je ne devais pas être le genre de compagnie qu’il appréciait.
J’arrivai aux cuisines mort de faim. Une grande dame m’approcha et me jeta un regard.
« T’es le nouveau ? Bon, tu as faim ? »
J’acquiesçai d’un signe de tête. Elle me montra une table, devant laquelle je m’assis. Maryline, cuisinière du palais du Margraviat, était une femme forte, stricte mais amicale avec les enfants, ce qui la distinguait des seules autres personnes que j’avais pu rencontrer jusqu’à présent. Mon regard se jeta sur la pièce où je me trouvais. Mur de pierres basiques, peu de décoration. Une sorte d’immense comptoir séparait la pièce en deux, et je ne voyais pas l’autre côté ; aussi supposai-je qu’il s’agissait des endroits où la nourriture était préparée. Quelques armoires se répartissaient sur toute la surface de la pièce, et là encore, mon esprit imagina qu’il s’agissait de réserves de nourritures. J’avais tellement fin que je me serai jeté dessus sans réfléchir, si j’avais pu atteindre la poignée des portes de celles-ci. Mais à peine eu-je imaginé ceci que Maryline arriva, avec une assiette remplie. Je la remerciai rapidement et en scrutai le contenu. Deux tranches de pains, du lard, des légumes assaisonnés. Elle déposa devant moi une cruche et un verre.
« On m’a signalé que tu étais assez habile pour te débrouiller seul. J’espère que c’est le cas. Quand tu auras fini, dépose tout sur le comptoir. »
Et elle me laissa à mon repas, qui m’apparut comme le plus grand festin que j’eu jamais connu jusqu’alors. Mais aussi, comme j’étais probablement fils de paysan, c’était sans aucun doute vrai. Je dévorais tout promptement, jusqu’à m’étouffer parfois. Une fois mon repas terminé, et mon assiette récurée, je me rendis compte que j’avais trop mangé, et trop vite. Je me laissai du temps à me reposer, sans me soucier des personnes qui s’affairaient en cuisine et autour de moi.
Je me levais et prit la cruche, vide, pour la reposer sur le comptoir. Il était trop haut pour moi, et je ne voulais risquer de casser quelque chose en sautant. Je pris parti de déplacer un tabouret, grimpai dessus et put enfin déposer mes affaires. Je replaçai alors le tabouret à sa place. Il m’avait semblé naturel de chercher à me débrouiller seul. Toutefois, je ne savais pas du tout ce que je devais faire par la suite. Je m’assis alors à ma place, devant la table, et attendit, et je crus que cela devait durer des années. Mais à peine quelques minutes plus tard, Karlan vint me chercher. Il me posa des questions sur ma matinée avec Traal, ce à quoi je lui répondis simplement : « Epuisant ». Il sourit, et m’amena dans une aile du palais, à un étage. Ce n’était pas très loin de la chambre que l’on m’avait donné. Il s’arrêta devant une porte de bois.
« Bon, je viendrai te chercher dans quelques heures. Tu seras ici avec…
-Maître Arthur, le scribe, le coupai-je.
-C’est exact », me dit-il avec un sourire.
Je lui montrai la carte que l’on m’avait donnée précédemment. Le nom était indiqué dessus, aussi avais-je peu de mérite. Je l’avais juste examinée. Il frappa, ouvrit la porte, et me pria d’entrer. Il referma derrière moi et je fis quelques pas. La pièce était éclairée par la lumière de l’extérieur, et la fenêtre grande ouverte donnait sur la cour. Et devant la fenêtre, assis face à son bureau, un vieil homme au crâne dégarni me fixa de ses yeux bleus. Je l’identifiai aussitôt comme étant Arthur le scribe. Il m’indiqua un bureau d’un signe de tête. Craignant de tomber à nouveau sur quelqu’un d’antipathique, je m’assis silencieusement et le regardai. Le vieux scribe se leva, un parchemin à la main.
« On m’a dit que tu savais lire et écrire, déjà… J’aimerais le vérifier. Peux-tu lire ceci ? »
Il me tendit le parchemin, qui semblait avoir été rédigé il y a à peine quelques jours – il n’était nullement abimé. Je commençai ma lecture lentement – je savais lire, certes, mais je butais parfois sur certains mots.
« Les routes commerciales les plus au nord sont encore recouvertes de neige. La première utilisable pour rejoindre la baronnie se situe au col des griffons, mais avec la remontée des animaux des montagnes vers le nord, elle est encore difficilement utilisable.
A noter que…
-Très bien très bien, me coupa-t-il. Tu sais lire, en effet, même si tu manques de pratique – ce qui ne m’étonnes pas vu ton âge. »
Il s’assit à nouveau à son bureau, et me fixa.
« Tu apprendras ici à lire parfaitement, à écrire correctement. Puis nous étudierons la cartomancie, la géographie. Pour t’entrainer, tu recopieras de vieux manuscrit. Selon la qualité de ton écriture, je te ferai peut-être rédiger des livres. Mais nous avons encore quelques temps ! S’amusa le vieux scribe.
-Bien, maître Arthur.
-On m’a confié un document à archiver, mais celui qui l’a écrit ne se soucie visiblement pas de mes vieux yeux… J’aimerais que tu le réécrives, plus gros. Ce sera ton premier travail.
-D’accord. »
Il me confia un parchemin. Effectivement, l’écriture était petite et resserrée, mais pas illisible. Je pris une plume sur le bureau ou m’avait installé mon maitre, et commença la rédaction. Soucieux de bien faire, je pris mon temps pour écrire du mieux que je pouvais. Ce travail me convenait parfaitement, car après le repas, je n’avais pas la force de faire des activités plus physiques. J’en profitai également pour regarder la salle de travail du scribe. Des étagères recouvraient tous les murs de pierres, et des tas de parchemins s’empilaient par endroit. Visiblement, cela ne le gênait pas outre mesure.
Deux heures plus tard, Arthur me mit docilement à la porte, et m’annonça qu’il conserverait mon parchemin à l’abri, pour que je le finisse sans problèmes. Karlan m’attendait déjà devant la porte.
« Tu es convoqué chez le margrave Yéligar au premier coup de cloche nocturne, sois à l’heure. Fais comme tu veux pour le reste de ta journée. Si tu as besoin de quelque chose, fais le moi savoir, on te l’apportera.
-Karlan, pourrai-je avoir de quoi écrire dans ma chambre alors ?
-Je te trouve ça. »
Il repartit dans les couloirs. Je pris ma carte et l’observai. Elle ne m’indiqua pas beaucoup d’endroit intéressant ou aller. J’entrepris de visiter le reste du palais, avant de prendre un repas que j’estimais amplement mérité.
Lorsque je revins aux cuisines, je tombai sur une grande fourmilière qui semblait se préparer à la naissance d’une reine. L’activité était surprenante. Il me fallu quelques secondes pour comprendre que tout ceci était normal lors de la préparation d’un repas. Je ne trouvais pas Maryline des yeux, et je n’osais pas aller interrompre toutes ces personnes, qui couraient à droite et à gauche, souvent les bras chargés. Aussi m’assis-je à ma place du midi, acceptant d’attendre que la cohue ne cesse. Enfin, après quelques minutes longues comme des heures, ma sauveuse apparut. Maryline venait de passer dans la salle. Elle me jeta un coup d’œil, et me fit signe de la suivre. Il lui fut inutile de s’y reprendre, car je me jetais de mon tabouret à sa poursuite, motivé par un appétit féroce. Je pénétrai enfin dans les cuisines. Elle se retourna et me dit :
« J’ai eu une discussion avec Olme. Je t’ai aussi vu monter sur un tabouret pour pouvoir tout ranger. Tant que tu éviteras de gêner et que tu nous esquiveras, tu mangeras ici. Tu n’auras qu’à te servir. Fais-toi une assiette d’un peu tout et va à ta place. Et ne salis pas. En dehors des heures d’agitation, je m’occuperai de toi. Ça marche ?
-Oui ! »
Elle me laissa pour retourner à ses affaires, et pendant plus d’une dizaine de minutes, je dus esquiver des cuisiniers et domestiques, tous vêtus d’une simple livrée blanche, qui acheminait les plats. Je réussis néanmoins à me composer un repas, que je fis un peu plus léger, et composé d’un peu de chaque plat. Et je me promis également de ne plus reprendre de lapin aux aubergines. Pendant que je dévorais avec plus ou moins d’enthousiasme mes aliments, je revivais ma journée. J’avais rencontré le maître d’arme, le scribe, la maitresse des cuisines… Mais je ne voyais pas qui pouvait être cet Olme. Toutefois, ce pouvait être un de mes futurs professeurs, ou un conseiller de mon roi… Je n’en savais rien. Et le lard fumé attirait trop mon attention pour que je me penche plus sur la question.
Une fois rassasié, je revins dans ma chambre. J’y découvris une table en bois avec tout le matériel pour écrire entreposé à côté. Je m’assis aussitôt et saisit un parchemin et une plume. Je voulais écrire, mais je ne savais pas quoi. J’entrepris d’écrire un compte rendu de ma journée. Puis, lorsque j’en vins à mon entrainement par Maître Traal, je transcrivis toutes les positions dont je me souvenais sur un autre parchemin. Le travail me prit quelque temps, et je l’abandonnai proche de sa fin, pour me rendre dans les appartements de Yéligar. Je me dirigeai vers la salle du trône, comme la veille. Mais à quelques mètres de la porte, je sus que ce n’était pas là que je devais me rendre. Je voulus saisir ma carte, mais je ne le fis pas. Mon instinct, ou du moins je crus que ce fut lui, me guida vers les appartements privés de la famille royale. Je m’arrêtai devant une porte de bois simple, qui semblait toutefois mieux entretenue que ma propre porte de chambre. Je frappai à la porte, et attendit qu'il me dise d'entrer. J'attendis précisément une minute, comme il en a toujours été. Peu savent pourquoi il faut toujours attendre une minute avant que Yéligar accepte la visite dans ses appartements. Il m’apprit cette raison bien plus tard. Quand j’entrai, il était assis derrière un bureau richement décoré, en bois massif et sombre, l'un des seuls meubles de la pièce. Je jetai un regard circulaire et supposai que la porte que j’apercevais au fond de la pièce menait à ses appartements privés, cette pièce étant en quelques sortes son ultime salle de réception. Il ne me regarda d’abord pas, absorbé par un document. Puis il m’indiqua d’un regard un fauteuil. Je m’y assis – il était encore plus moelleux que mon lit – et ce n'était pas la fatigue de cette journée qui me le disais. Alors, pour la première fois, je pris la peine d’examiner mon roi.
Le Margrave Yéligar était encore très jeune à cette époque, il ne devait avoir tout au plus qu’une quarantaine d’année. Ses cheveux blonds était court, tirés en arrière, et son front semblait se dégarnir subtilement de ses cheveux – sensation qui s’accrut avec l’âge. Ses yeux bleus me fixèrent, et je remarquai enfin son apparence. Outre son air sévère, le margrave avait de fine lèvre, était rasé de près et n’arborait comme seuls bijoux qu’un collier d’or à son cou. Il était vêtu, pour ce que je voyais, d’une tunique azure. Sa voix était grave et résonnait légèrement dans la petite salle.
« Malik… Tu as rencontré Karlan, Traal, Maryline et enfin Arthur. Aucun d’eux ne doit savoir qui tu es. Qui tu seras. Et il en va de même pour tout le monde ici. Est-ce clair ?
-Oui, monseigneur, répondis-je directement.
-Bien. Tu poursuivras tes journées comme tu as commencé celle-ci. Dame Anne, une noble de la cour, a accepté de t’éduquer. Aussi te présenteras-tu à elle le matin après avoir mangé et t’être habillé.
-Oui, monseigneur.
-Bien. Je sais que tu as des questions. Pose-les.
-Oui, monseigneur. »
Il se passa un instant, fugace, durant lequel je fus totalement perdu. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait… Sa voix faisait un écho bizarre en moi.
« Je ne comprends pas tout ce qui se passe, monseigneur. Je connais le palais par cœur sans y avoir mis les pieds, et… j’hésitai un instant, et je me sens… bizarre.
-Que ce soit cette salle où la salle du trône, saches que c’est moi qui t’y es guidé. Par magie, simplement. Tu es trop jeune pour pouvoir le remarquer. »
Il marqua une pause, qui lui semblait douloureuse. Il me fixa un long moment et reprit après une longue inspiration. Je n’avais osé bouger.
« Tu as été victime d’un sort. C’est pour ça que tu obéis docilement aux ordres, que tu sais des choses que tu devrais ignorer – et tu t’en rendras compte par toi-même plus tard. Je ne peux pas t’expliquer tout cela. Tu es trop jeune pour comprendre. Mais tu es quelqu’un de curieux, appliqué et de dévoué. C’est tout ce que tu as besoin de savoir pour le moment, d’accord ?
-Oui, monseigneur.
-Va maintenant. Lorsque tu auras rencontré Olme, revient me voir. »
Il me fit signe de tête, et je pris congé. Dans le couloir, je marchai sans but, en me demandant qui pouvait bien être cet Olme…
Dans mon esprit d’enfant, mon entretien avec Yéligar devait répondre à toutes mes questions. C’était du moins ce que j’avais espéré en y allant. Force était de constater que j’en ressortis plus confus qu’auparavant.
Ereinté, je pris la direction de ma chambre. Karlan m’attendait devant ma porte.
« J’ai de la tisane pour toi. »
Abruti par ma journée, je ne dis rien et poussai la porte On me demandait trop de chose, alors que j’étais un si jeune garçon. Karlan, qui arborait toujours sa livrée grise, resta à mes côtés jusqu’à ce que j’aie fini la tisane sans goût qu’il m’avait apporté. Je dormis comme une masse cette nuit là, d’un sommeil lourd et sans rêve. La seule question qui eut le temps de parcourir mon esprit fut : Et maintenant ?
Memo : Ce que vous lisez au-dessus peut-être méchant. Calm down, en vrai on est tous de gentils poulets. Mais une bouffée d'acide en pleine gueule n'a jamais tué, non ?
No Hate, No Gain
Armada a écrit:As spacies I don't think you need a secondary cause they have no bad MUs. Maybe Fox lose against Falco/Marth and Falco maybe lose against Marth (Im not really aggreing with Marth being terrible like most of smashboards says)
Bowser >>>
BSeeD, Xeal, Sora, Lukahn